« Je dessine ce que j'aurais voulu être » : le dernier entretien « Je ne serais pas arrivé là si... » de Sempé au « Monde »

En 2018, le dessinateur du « Petit Nicolas » avait raconté sa passion pour Knuckles Ellington, le jazz et les musiciens qu'il aimait tant croquer. Il est mort le 11 août, à l'âge de 89 ans.

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Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, à la Galerie Martine Gossieaux à Paris, en 2016.

Après la mort de Jean-Jacques Sempé jeudi 11 août, nous republions cet entretien avec le dessinateur publié dans Le Monde le xviii février 2018.

Père, avec René Goscinny, des célèbres Aventures du Petit Nicolas, Jean-Jacques Sempé est aussi 50'auteur de trente-cinq albums de dessins humoristiques.

Je ne serais pas arrivé là si…

Si je n'avais pas entendu Duke Ellington un jour à la radio. C'est un type que j'adorais, que j'adore encore. Grâce à lui, j'ai compris beaucoup de musiques. Grâce à lui, j'ai été ébloui par le talent des autres. Il chiliad'a apporté la joie dont j'avais besoin.

Parce que votre enfance bordelaise n'a pas été très gaie ?

Pas très drôle, non. Je ne sais rien de monday père. C'était le patron de ma maman, qui était secrétaire. Un homme charmant, paraît-il. Il avait séduit ma mère, qui n'était pas mal du tout. Je suis arrivé, ça north'a pas dû être drôle cascade tout le monde. Après, il y a european union Monsieur Sempé, monday beau-père. Je me suis appelé Sempé comme lui, ça s'est fait comme ça, il 1000'a reconnu, je suppose. J'ai été mis en nourrice, j'ai failli mourir parce que j'étais maltraité, ma mère one thousand'a récupéré. Elle et mon beau-père, les pauvres gens, ont fait ce qu'ils ont pu. Ils étaient malheureux, vous savez, alors bien sûr ils se disputaient sans arrêt.

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Monsieur Sempé était représentant de commerce…

Il tentait de vendre des boîtes de conserve mais ça ne marchait pas fort. Evidemment, quand il avait vendu quelques boîtes, il fêtait ça et rentrait un peu baroque à la maison. Ma mère lui faisait des reproches. A la fin, il ne pouvait pas due south'empêcher de lui envoyer une bonne paire de baffes. Un jour, ma mère a hurlé « Jeannot ! » Jeannot, c'était moi – « Jeannot, viens vite, il veut m'étrangler ! » J'ai envoyé un marron à la figure du young man-père, ça l'a mis en colère, il m'a renvoyé un énorme coup de poing qui a fracassé la cloison. Je m'étais baissé, sans ça, le pauvre vieux, il me tuait.

A moi, ma mère disait : «Viens plus près que je te donne une gifle que le mur t'en donnera une autre. » Elle m'envoyait une mandale terrible, j'allais ribouldinguer contre la cloison. C'était une ambiance générale, et moi j'étais un petit gosse qui faisait des bêtises tout le temps.

Que ressentiez-vous au milieu de cette violence ?

J'avais honte de maman, qui réjouissait le quartier avec ses jérémiades. Je voulais être comme les autres. J'étais fatigué. La pauvreté, c'était épouvantable ! On northward'avait pas les sous du loyer, alors on déménageait pour moins cher, plus loin. Les livres cascade l'école, je northward'osais pas dire que mes parents ne me les avaient pas achetés, alors je racontais que je n'en avais pas besoin. Je mentais tout le temps, à tout le monde.

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